Histoire
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Situé en campagne berrichonne, le château de Bouges surprend par son élégance et son environnement naturel !
Répertoriée dès le Xe siècle, la terre de Bouges est une seigneurie rurale avec un château fortifié.
De nombreux propriétaires se succèdent dont la famille des Médicis à partir de 1416. En 1547, devenue reine de France, Catherine de Médicis offre la moitié des terres de Bouges à son conseiller et premier maître d'hôtel, Jean-Baptiste Seghizo, qui réussit à recomposer la totalité par des achats et des échanges en 1565.
En 1570, il vend Bouges au profit d’un de ses neveux, Marc Antoine, avec l’accord de Catherine de Médicis.
Claude Charles François Leblanc de Marnaval (1720 - 1803) est maître des forges à Clavières et directeur de la manufacture royale de draps de Châteauroux. Sa fortune s’accroît considérablement, ce qui lui permet d’acheter « Le Lieu, Château, Terre, Seigneurie et Justice de Bouges… ».
Mais les goûts fastueux du propriétaire ne s’accommodent pas à l’ancienne demeure. Il la fait abattre et la remplace par le château actuel, une construction à l’italienne édifiée de 1759 à 1773 et suivant le luxe de l’époque, une élégante « folie » qui affiche l’ambition du riche propriétaire, mais dont les dépenses sont considérables.
Le château rappelle le petit Trianon de Versailles. Il se présente sous la forme d’un pavillon rectangulaire posé sur un socle qui permet d’éclairer le sous-sol. Il comporte 58 pièces sur une surface d’environ 1400 m² et est construit sur trois niveaux agrémentés de deux entresols, marqués en façades par un léger avant-corps couronné d’un fronton.
Celui de la façade Est est orné des armoiries de Charles de Marnaval et de Gaudard de la Verdine, la famille de son épouse. Un balcon de fer forgé porté par quatre consoles occupe le premier étage des avant-corps des deux grandes façades (Est et Ouest). Les façades latérales sont plus étroites. Une corniche règne tout autour de l’édifice, surmontée, de part et d’autre des frontons, d’une balustrade dissimulant le toit plat en pavillon. La façade Sud du château donne sur la cour des communs située nettement plus bas que le parc.
Cette élégante folie est coûteuse et le succès dans ses affaires n’est pas durable : ruiné, Claude Leblanc de Marnaval vend la propriété en 1779.
Au cours du XIXe siècle, les acquéreurs se succèdent. Parmi eux, on retiendra le Prince de Talleyrand, qui acquiert en 1818 le château pour sa nièce par alliance, la duchesse de Dino, et sera propriétaire jusqu’en 1826. La famille Dufour, propriétaire en 1857, apportera quelques transformations sur le bâti en faisant appel à l’architecte départemental Alfred Dauvergne, ainsi que dans les jardins avec les paysagistes Henri et Achille Duchêne.
En 1917, le château est vendu à Henry Viguier, directeur d'un grand magasin parisien, le BHV, et son épouse Renée, issue d'une riche famille de drapiers. Le château est quasiment vide. Les nouveaux propriétaires lui redonnent vie en acquérant un mobilier exceptionnel, en harmonie avec le cadre. Ils modernisent le château en lui apportant l'électricité, le chauffage et l'eau courante.
En acquérant Bouges, Henry Viguier se consacre à sa passion équestre. Le cheval est intégré à toutes les activités du domaine : chasses, promenades, attelage sportif, vénerie ou approvisionnement du château. Président du cercle de l’Étrier, propriétaire d'une écurie de courses, il rassemble ce qui se fait de mieux en matière d’équipement, d’harnachement et de voiture, qu’il met au service des pratiques équestres les plus élaborées. Il en résulte une collection équestre d’une grande unité, qui forme avec le domaine et le château un ensemble très cohérent et de grand intérêt patrimonial.
80 hectares de verdure entourent le château avec un étang où se reflètent des arbres d’espèces diverses (tulipiers, chênes rouges d’Amérique, liquidambars) qui produisent des feuillages colorés et nuancés à chaque saison.
Les allées sinueuses permettent de découvrir, tout au long de la promenade, des perspectives variées du château.
Renée Viguier a, elle, une préférence pour les fleurs, d'où la récurrence de ces motifs dans la décoration intérieure du château. Le couple fait transformer le potager existant en jardin de fleurs (le jardin bouquetier), tandis que la grande serre reçoit des plantes exotiques. Ils font aussi restaurer les compositions végétales du parc à l'anglaise et des jardins à la française créés par les Duchêne sous l'occupation des propriétaires précédents.
En 1967, restés sans descendant, le couple lègue le domaine et sa collection à la Caisse nationale des monuments historiques et des sites (actuel Centre des monuments nationaux). Le souhait d'Henry Viguier est que le domaine puisse être ouvert au public et que les revenus en assurent l'entretien et la restauration.